#RapDeal : Les éditions et la SACEM, comment ça marche ?

Avec #RapDeal, notre agence 135 MÉDIA met à profit son expérience pour présenter les coulisses du monde du rap. Après un premier épisode consacré au rôle des labels, l’émission est de retour avec un sujet complexe mais incontournable du business de la musique : les éditions !

Depuis quelques années, le rôle des éditeurs a évolué et a fait d’eux des partenaires incontournables des artistes et des producteurs indépendants dans le rap. Mais quel est leur rôle ? Qu’est-ce qui les différencie des labels ? Et quel est leur lien avec la SACEM ?

Petite nouveauté dans cet épisode de #RapDeal, le témoignage d’un intervenant extérieur : Le Motif, auteur, compositeur et interprète qui nous fait l’honneur de nous donner son avis sur le sujet.

Qu’est-ce que le droit d’auteur ?

Avant d’aller plus loin, il est indispensable de comprendre la différence entre un interprète et un auteur :

  • L’interprète est un musicien qui exécute l’œuvre conçue par d’autres musiciens, appelés auteurs-compositeurs. Un chanteur-interprète ne va pas forcément chanter ses propres textes, il peut faire appel à des auteurs. Dans la variété française, la plupart des chanteurs font appel à des auteurs. C’est notamment le cas de Johny Halliday qui avait fait appel à une multitude d’auteurs, tout au long de sa carrière : Charles Aznavour, Grand Corps Malade ou encore Zazie.
  • L’interprète peut aussi être l’auteur du texte de son œuvre. C’est l’une des spécificités du rap où la plupart des artistes sont des auteurs-interprètes, c’est-à-dire qu’ils vont chanter leurs propres textes. C’est ce qui crée la confusion entre édition et production qui finissent par se chevaucher, ce qui rend la différence entre ces deux types de revenus difficile à comprendre pour le public, mais aussi pour les artistes eux-mêmes.

Pour autant un auteur n’est pas nécessairement celui qui écrit un texte. C’est le cas de l’auteur-compositeur, plus souvent désigné dans le rap sous l’appellation de « beatmaker », qui est considéré par le droit français comme un auteur à part entière et qui perçoit à ce titre des droits d’auteur.

Les rappeurs confondent SACEM et labels car ils sont souvent auteurs et interprètes

Ces droits d’auteur sont générés par l’exploitation des œuvres des compositeurs ou des auteurs. Il existe trois types d’exploitations :

  • La reproduction en streaming (Apple Music, Spotify, Deezer, YouTube Premium Music, ou encore Napster), en téléchargement ou en physique (vinyle, CD)
  • La diffusion en télévision ou à la radio
  • La représentation en concert.

La SACEM va collecter les droits générés et les reverser aux différents ayants droit : auteurs, compositeurs et éventuels éditeurs.

Quel est le rôle de l’éditeur ?

Tout comme l’artiste-interprète peut compter sur le soutien d’un label de production pour développer sa carrière, l’auteur peut compter sur celui d’un éditeur. Le rôle de l’éditeur auprès de l’auteur est multiple. Il peut l’aider à évoluer intervenant sur différents volets :

  • La direction artistique ;
  • La promotion de ses œuvres ;
  • La mise en relation avec des artistes-interprètes qui peuvent chanter ses textes ou utiliser ses compositions ;
  • L’assistance dans les démarches administratives, notamment auprès de la SACEM ;
  • La synchronisation, c’est-à-dire le fait de placer ses œuvres dans des films, séries ou publicités pour créer de nouvelles sources de revenus.

Dans le cadre plus spécifique d’un auteur-interprète, dans lequel se trouvent la plupart des rappeurs, le rôle de l’éditeur peut être légèrement différent. Au lieu de l’aider à placer des textes pour d’autres artistes, une pratique qui reste assez peu fréquente dans le rap français, il va plutôt l’aider à développer sa carrière d’auteur-interprète. Cela passe par :

  • La mise en relation avec des compositeurs (beatmakers) ;
  • La mise en relation avec des artistes étrangers pour organiser des remix ou des collaborations ;
  • L’organisation de séminaires, qui consistent à réunir différents compositeurs avec un artiste dans le but d’accélérer la création de singles ou même d’un album. Il s’agit d’un processus de création très populaire dans le rap, qui a notamment été utilisé par Koba LaD pour l’album « L’Affranchi », enregistré en une dizaine de jours ;
  • Le soutien financier. L’éditeur peut faire une avance de revenus SACEM et/ou investir dans le budget marketing du projet. Ce budget va permettre d’acheter du matériel, d’organiser des séminaires ou encore de payer un attaché de presse.

Il est courant que le budget marketing d’un éditeur finance un séminaire

Il peut être avantageux de signer avec un éditeur pour permettre à l’artiste de se concentrer pleinement sur sa musique dans la mesure où les revenus SACEM mettent du temps à être générés, puis à être versés.

Il existe une multitude d’éditeurs qui travaillent avec des rappeurs et beatmakers, les principaux sont Universal Music Publishing, Sony Music Publishing, Warner Chappell, BMG ou encore Because Music. Chacune de ces structures est susceptible de proposer différents types de contrats aux auteurs, afin de s’adapter à leurs besoins. Il en existe trois principaux :

  • Le contrat full publishing lorsqu’un éditeur va éditer seul un auteur. C’est l’équivalent du contrat d’artiste côté production.
  • Le contrat de coédition quand un éditeur, généralement indépendant, s’associe avec un autre éditeur sur un auteur. C’est l’équivalent du contrat de coproduction côté production.
  • La gestion éditoriale lorsqu’un éditeur, généralement indépendant, va confier la gestion de son catalogue à un éditeur. C’est, en quelque sorte, l’équivalent d’un contrat de distribution.

Avec notre agence 135 MÉDIA, nous accompagnons nos clients dans la sélection du contrat le plus adapté à leur situation et dans le choix du partenaire le plus adapté au développement de leurs carrières.

Quel est le rôle de la SACEM ?

La SACEM est une société civile d’utilité publique à but non lucratif, qui se charge de collecter les droits d’auteur en France. Elle en reverse 85% aux ayants droit, les 15% restants correspondent en moyenne à ses frais de fonctionnement. Pour donner un ordre de grandeur, en 2018, la SACEM a collecté 1.006 millions d’euros et a reversé 933.2 millions à ses différents ayants droit.

L’inscription d’un auteur à la SACEM est relativement simple, mais requiert trois conditions :

  • Présenter une œuvre commercialisée, y compris via des plateformes en ligne ;
  • Remplir un dossier d’inscription ;
  • Envoyer un chèque de 104 euros.

Déclarer ses oeuvres à la SACEM permet de toucher ses droits d’auteurs

Une fois inscrit, l’auteur peut déclarer ses œuvres à la SACEM en précisant les éventuels co-auteurs, compositeurs et éditeurs. La SACEM va ensuite collecter et reverser les droits à chacun. Lorsqu’un éditeur signe un auteur, il prend généralement en charge cette partie administrative, de l’inscription à la déclaration des œuvres. Il sera également en charge de vérifier la conformité des revenus aux déclarations.

Dernière chose à savoir, les revenus SACEM sont généralement surestimés dans le rap car le streaming est moins générateur de revenus que les concerts, les passages en télévision ou encore en radio.

Pour conclure ce second épisode de #RapDeal consacré aux éditions, on peut retenir que les éditions sont très importantes pour un artiste qu’il soit auteur, auteur-interprète ou compositeur, et ce malgré leurs complexités. Trouver le bon partenaire pour développer sa carrière est primordial.

On vous remercie de votre intérêt sur le sujet, n’hésitez pas à aller checker nos autres #RapDeal pour mieux appréhender l’industrie musicale !

5 replies on “#RapDeal : Les éditions et la SACEM, comment ça marche ?”

  • drimscella
    5 janvier 2021 at 11h40

    merci super intéressant!

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