#RapDeal : La distribution, comment ça marche ?

Avec #RapDeal, notre agence 135 MÉDIA vulgarise le fonctionnement de l’industrie musicale Après vous avoir expliqué les éditionsles labels ou encore les agrégateurs, nous sommes de retour pour vous parler en détail du contrat de distribution.

Lors du tout premier RapDeal on expliquait le rôle d’un label et les différents types de contrats : artiste, licence ou distribution. Vu sa popularité on a décidé de consacrer un épisode complet sur le contrat de distrib pour rentrer plus dans le détail ! Nous allons détailler les enjeux du contrat de distribution, les éléments de négociation principaux et les avantages et limites de ce contrat.

Le contrat de distribution

Un contrat de distribution, c’est lorsqu’un producteur confie la mise en disposition de sa musique sur les plateformes digitales, voir en magasins, à un label « distributeur ». Dans ce contrat, le rôle du distributeur se limite à cette mise à disposition, ainsi que quelques actions pour mettre en avant la musique avec notamment le pitching des titres aux playlists des plateformes de streaming.

Dans un contrat de distribution, le producteur reste seul propriétaire de sa musique, et seul décideur ! Il se doit donc de la produire, de la promouvoir et de la financer, c’est pour ces raisons qu’on parle souvent de la distribution comme « le contrat des indépendants ». Le distributeur va généralement faire une avance sur les futurs revenus générés par la musique, au producteur, pour l’aider à financer le projet, cette avance sera déduite de la part des revenus revenant au producteur.

On parle souvent de la distribution comme le contrat des indépendants !

Par ailleurs, les contrats de distribution peuvent s’articuler avec d’autres deals : quand deux indépendants vont s’associer pour co-produire et aller chercher une distribution, ou quand un gros producteur fait un label-deal avec une major avec tout ou partie de ses artistes en distribution (comme Kerchak signé chez NGup et Bluesky et en distribution chez Epic).

En France la distribution a été popularisée par Musicast, on en parle dans le premier épisode de notre podcast RapBoss, avec son fondateur Julien Kertudo. La société fut ensuite rachetée par Believe, principal distributeur du rap et depuis toutes les majors ont du s’adapter à ce nouveau modèle et proposer à leur tour des contrats de distribution.

Les points clés d’un contrat de distrib

Malgré la complexité des contrats d’artiste ou de licence, la distribution reste technique. On a souvent tendance à se focaliser sur les avances et les taux, mais il y a une multitude de paramètres à prendre en compte pour réussir à avoir un bon contrat de distribution .

Voici les quatre principaux points de négociation d’un contrat de distribution :

  • Avance :  c’est le montant qu’est prêt à avancer le distributeur sur votre part des futurs revenus qu’il aura estimé pour votre projet (avance qui sera remboursable uniquement par ces revenus, vous n’aurez pas à la rendre en cas de flop). D’ailleurs, le label ne fait pas systématiquement d’avance pour un artiste en développement.
  •  Le taux : c’est la part des revenus qui vous est reversée par le distributeur sur le chiffre d’affaires encaissé, elle est généralement différenciée entre le physique (entre soixante pour-cent et soixante-dix pour-cent) et le numérique (soixante-dix pour-cent à quatre-vingt pour-cent). Ce taux peut aussi évoluer selon des paliers définis à l’avance.
  • Le nombre de projet : même si les contrats en distribution concernent généralement moins de projets qu’en artiste, il est pas rare de signer pour un projet ferme et des options. Ça signifie que le distributeur peut décider seul de continuer sur les prochains projets « en option » tant qu’il respecte les conditions définies en amont au contrat (il n’a aucune obligation de renégocier). Selon le niveau de risque de l’avance et votre niveau de développement, le distributeur va ajouter entre une et deux options.
  • La durée d’exploitation : c’est le temps pendant lequel votre projet sera distribué par le label, en général entre quatre et sept ans (même si elle tend à s’allonger). Cette durée est prolongée jusqu’à recoupement de l’avance. Par contre ce n’est pas votre durée d’engagement avec le distributeur, il exploite les albums que vous avez signé sur cette durée, mais vous pouvez signer vos prochains albums avec un autre partenaire.

Une négociation nécessite de choisir ses priorités en fonction de ses besoins

Il existe beaucoup d’autres critères : la prise en charge du D2C (et les éventuels abattements), la durée d’exclusivité (le temps après votre dernier projet où vous ne pourrez rien sortir ailleurs), les avances de fabrication et de SDRM, les droits voisins, les rollings avances, l’exclusivité sur l’endorsement, les cross-co, la méthode de calcul des futurs avances avec min/max. Une négociation nécessite de choisir ses priorités pour son contrat selon ses besoins.

Un artiste en début de carrière qui a besoin d’augmenter l’avance va devoir être plus souple sur les taux et les options, qu’un artiste déjà installé dont l’avance de base suffit à financer son projet et qui va essayer de réduire au maximum la durée et augmenter les taux pour maximiser ses revenus.

Pour toutes ses raisons on vous conseille fortement de vous rapprocher d’un conseiller (souvent l’investissement le plus rentable dans la musique) !

Les limites de la distribution

Le contrat de distribution est souvent idéalisé car il permet de toucher la majorité des revenus, rester propriétaire des masters et être seul décideur.

Mais ce contrat comporte aussi des limites :

  • Le distributeur ne prend pas trop de risques : contrairement au contrat d’artiste, le distributeur va toucher une part minoritaire des revenus. Il va essayer d’estimer combien va générer le projet et faire une avance en rapport avec ces estimations. Régulièrement, les indépendants demandent une avance du budget idéal pour développer son artiste, mais le distributeur ne peut pas être le seul à prendre tous les risques en proposant des avances démesurées alors qu’il va avoir une part limitée du projet sur un temps limité. Si vous voulez plus que votre avance, il va falloir compléter avec votre argent ou attendre de valoir plus.
  • Votre budget est fixe : une fois que cette avance est actée et définie dans le contrat, le distributeur n’a aucune raison de réinvestir. Il peut le faire s’il croit vraiment au projet et que les signaux sont au vert (un morceau qui explose sur TikTok et il accepte de rallonger l’avance pour faire le clip sachant qu’il est sur de recouper, même si en général il va demander des contreparties). Mais si le projet galère, ou si vous avez trop vite dépensé votre avance, il va pas aller prendre des risques supplémentaire sachant, à nouveau, que vous récupérer la majorité des revenus. En opposition, en licence ou en artiste, le label ayant plus d’engagement il peut plus facilement remettre de l’argent pour s’assurer du succès du projet.
  • Vous êtes seuls : en distribution comme c’est à vous de développer le projet vous allez devoir constituer une équipe compétente sur tous les aspects : D.A, admin, marketing, image. Si vous n’avez pas déjà l’équipe en interne, il va falloir aller chercher ces compétences auprès de free-lance ou d’agences, des dépenses non négligeables. Beaucoup de projet n’arrivent pas à exploser en distribution par manque d’expérience et de compétences des équipes, et rares sont les producteurs qui ont la maturité business pour aller payer ces compétences.

En distribution il faut avoir une vraie mentalité d’entrepreneur !

Mais les contrats de distributions sont particulièrement pertinents dans deux cas de figures :

  • Quand tu es trop petit pour signer dans un autre type de contrat. Le développement ça coute cher, car tu sais pas pendant combien de temps tu vas devoir investir à perte, ni à quelle hauteur (surtout que les majors ont plus de couts que les indés). Les contrats de distributions permettent aux labels de se positionner sur des artistes avec des avances plus faibles et prédéfinies. Parfois la distribution en début de carrière est plus subie que voulue pour certains artistes.
  • Quand tu es suffisamment gros pour ne pas avoir à signer un autre type de contrat : une fois que tu peux prétendre à des avances suffisamment élevées pour investir sur ton projet, et t’entourer d’une équipe, le contrat de distribution est ultra-compétitif. C’est pourquoi les top artists finissent presque toujours en distrib à la fin de leur premier contrat.

En distribution, vous allez devoir constituer une équipe compétente !

Mais comme toujours, il n’y a pas de contrats idéals ! Ça dépend de chaque artiste. Dans un épisode de Dis Les Termes, Big Flo et Oli explique avoir volontairement signé en artiste pour s’assurer que tous les moyens seront investis pour eux, et ils ont pu rentabiliser ce « manque à gagner » grâce aux revenus débloqués (endorsement, tournée, SACEM).

Chez 135 on accompagne beaucoup d’artistes vers des contrats de distribution, mais il faut pas en faire une vérité générale !

On vous remercie de votre intérêt sur le sujet, n’hésitez pas à aller checker nos autres #RapDeal pour mieux appréhender l’industrie musicale !

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