#RapDeal : Les compositeurs, comment ça marche ?

Avec #RapDeal, notre agence 135 MÉDIA met à profit son expérience pour présenter les coulisses du monde du rap. Après vous avoir expliqué les éditions, les labels ou encore les feats, notre émission de vulgarisation de l’industrie musicale est de retour du business du beatmaking.

Pour ce treizième #RapDeal, on va s’intéresser à la rémunération des compositeurs, des revenus classiques (vente de prods, synchronisations, éditions, projets de beatmakers) jusqu’au diversifications les plus étonnantes illustrées par des exemples concrets.

Merci à Sacha, fondateur de l’éditeur indépendant BlueSky, partenaires des plus gros compositeurs français, pour avoir participé à l’écriture de cet article.

La vente des prods

Pour la partie master, quand l’instru d’un compositeur est sélectionnée par un artiste, son label le rémunère de différentes manières :

  • Un cachet : souvent le minimum légal (soit une centaine d’euros) pour la participation à la création du titre (surtout en major)
  • Le prix de la prod : le compositeur va ensuite vendre l’exclusivité de la prod contre un montant fixe au label (dit « flat »). En général entre 500€ et 2000€, via un contrat de cession. Il peut aussi négocier un pourcentage sur le revenu du master.
  • Points de royalties : les compositeurs confirmés peuvent demander un pourcentage des revenus du titre au label (idem, plutôt en major) sous forme de point de réal. En général entre 1 et 2%. Certains labels remplacent ces points par des primes à chaque certification.
  • Une avance : dans le cadre du contrat de réalisation, le compositeur va généralement négocier une avance sur ses points, en moyenne entre 500€ et 2000€ (qui sera prioritairement remboursée avec sa part des royalties du titre)

Les compositeurs confirmés peuvent demander un pourcentage des revenus du titre au label

Cette rémunération dépend de plusieurs facteurs : la réputation du compositeur, le niveau de développement de l’artiste, la puissance du label ou encore le rapport de force.

Quand plusieurs artistes co-composent l’instru, ils vont, en général, partager la rémunération.

Les éditions pour les beatmakers

En tant que compositeur, le beatmaker génère aussi des droits d’auteurs sur son instrumentale, qui seront ensuite versés par la SACEM chaque trimestre.

  • La part compositeur : en tant que compositeur il peut prétendre à la part compositeur, soit 25% du titre. Part qui peut diminuer en cas de collaboration avec d’autres compositeurs ou si l’artiste prend une part pour la topline
  • La part éditeur : le compositeur peut être son propre éditeur (à compte d’auteur, ou en co-édition, voir gestion, avec un autre éditeur), dans ce cas, il édite généralement l’équivalent de sa part compositeur.

Pour mieux comprendre le fonctionnement des éditions pour un compositeur, notamment le rôle de la SACEM ou de la signature avec un éditeur (qui peut offrir des avances d’éditions), on vous invite à regarder le #RapDeal : Les éditions et la SACEM, comment ça marche ?

Les projets de compositeurs

De plus en plus de compositeurs se lancent dans la production de « projet de beatmakers » en invitant des interprètes. Dans ce cas, le compositeur peut prendre le rôle du « producteur phonographique », ce qui lui permet de capter une plus grande part des revenus master (selon le contrat qui le lie à l’artiste et à ses partenaires). Par exemple « Binks Beatz » et ses albums « Drip Music » qu’il produit avec la structure « Binksworld » et dont il a distribué le dernier opus chez Argentic Music avec des invités prestigieux tels que Laylow, 1Pliké ou encore Zamdane.

Les projets permettent aux beatmakers de capter une plus grande part des revenus master

Au-delà du potentiel de rentabilité des projets, qui dépend : du succès, de la rémunération des artistes, du type de contrat avec la maison de disque, des investissements et temps passé… C’est surtout un très bon moyen de communiquer sur son travail et d’espérer passer un cap sur ses futures collaborations. Ces dernières années on voit ce type de projet se multiplier sous diverses formes (EP, album, singles) : Amine Farsi, Zeg-P, Kosei,..

Musique à l’image : les synchronisations

Les synchronisations c’est le placement d’une composition dans un support audiovisuel : publicités, films, séries, jeux-vidéos,.. Avec l’omniprésence du rap dans la pop culture, on voit de plus en plus d’opportunités de ce genre. Elles peuvent avoir plusieurs formes :

  • La synchronisation d’oeuvres existantes : comme quand la publicité de la nouvelle « Freebox Pop » utilise le morceau « Pop Pop Pop » de Gambi composé par GhostKillerTrack
  • La commande d’oeuvres sur mesure : quand le client va directement demander au compositeur de créer une oeuvre originale pour le support en question. C’est le cas avec Sofiane Pamart qui a composé la bande originale du trailer d’ASSASSIN’S CREED VALHALLA (avec sa soeur Lina et Dioscures).

La rémunération peut aller de quelques centaines d’euros à plusieurs centaines de milliers d’euros!

Les synchronisations peuvent être une source de revenus importante pour un artiste, malgré que les budgets soient très disparates selon le projet et la renommée du compositeurs. La rémunération peut aller de quelques centaines d’euros à plusieurs centaines de milliers d’euros (pour les cas les plus rares). Les synchros d’oeuvres déjà existantes sont très aléatoires, mais tendent à augmenter dans le rap. L’éditeur peut s’occuper de chercher ce genre d’opportunité pour son compositeur. Le label BlueSky est d’ailleurs un des rares éditeurs indépendants à avoir un service dédié à la synchro.

Diversification des modèles

Nous avons surtout évoqué les différentes sources de revenus dites « classiques » mais de plus en plus de beatmakers explorent de nouveaux terrains, voici quelques exemples :

  • Projet en collab avec un artiste : c’est une variante des projets de beatmaker, avec le fait de co-créer un album pour remonter la chaîne de valeur, comme l’EP entre Amine Farsi et So La Lune issu d’une collaboration entre leurs structures.
  • Vente de typebeat : la vente de prod sur internet, notamment sur BeatStars peut être un véritable El Dorado financier et un bon moyen de se faire un nom. En France, le beatmaker Enigma est suivi par plus de cent cinquante mille personnes sur YouTube pour ses types beats, tout en collaborant avec Ninho ou SCH.
  • La formation : comme peut le faire Proof avec Grand Paris Formation, qui propose des ateliers à destination d’autres compositeurs
  • Distrokid : autre forme de rémunération, en alternative à la partie vente de prod évoquée en début de vidéo. C’est quand des rappeurs vont donner une part du titre aux compositeurs directement depuis Distrokid, sur des taux beaucoup plus élevés que des points de réal (entre 10 et 30%, contre 1 et 2%)
  • L’édition d’artistes : mettre à disposition son réseau et son expertise pour soi-même éditer d’autres beatmakers, comme Flem qui a signé Rayane Beats sur sa structure KGBIS Publishing (en co-édition avec Sony Music Publishing)
  • Les événements : avec par exemple Seezy qui a organisé sa deuxième masterclass payante au Grand Rex en compagnie d’acteurs reconnus de l’industrie (Vald, Merkus, Zeg-P,..) où deux cents curieux ont pu les entendre partager leurs expériences, le tout sponsorisé par MSI.
  • La production d’artiste : certains compositeurs finissent par lancer leur propre labels et produire des artistes c’est le cas de DJ Bellek avec Morning Glory qui bosse avec ZKR, Landy et Favé ou DJ Kore et AWA qui collabore notamment avec Zola ou Doria
  • Opération d’endorsement :. La popularité d’un compositeur peut l’amener a collaborer avec des marques en tant qu’influenceur comme Ysos avec RedBull, Le Chroniqueur Sale avec Groover…
  • Marque de vêtements : Amine Farsi a lancé sa marque textile homonyme « Farsi » qui rencontre un vif succès malgré un positionnement assez haut de gamme
  • Les NFT : certains s’essayent au Web 3, c’est le cas d’Ayrton compositeur et Ingé-son qui propose d’acheter en NFT les réglages du mix du tube « Daddy Chocolat »
  • Drumkit : d’autres vendent des Drumkits sur Beatsars, des éléments sonores qu’achètent d’autres beatmakers pour composer. En France on a par exemple Cosmo qui en propose.
  • Loopmaker : une autre mode très répandue dans le milieu du beatmaking, c’est le fait de créer des mélodies et les proposer à d’autres beatmakers. Dans ce cas le loopmaker est crédité en tant que co-compositeur de la prod final. Par exemple, le hit « Tout Va Bien » de Alonzo, Naps et Ninho a été composé par SHK en partant d’une loop de SCARS.

On vous remercie de votre intérêt sur le sujet, n’hésitez pas à aller checker nos autres #RapDeal pour mieux appréhender l’industrie musicale !

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