#RapDeal : Le contrat de coédition, comment ça marche ?

Avec #RapDeal, notre agence 135 MÉDIA vulgarise le fonctionnement de l’industrie musicale. Après avoir expliqué le rôle de la SACEM et d’un éditeur, puis décrypté le contrat de full publishing, il est temps de vous parler du contrat de coédition ! On vous détaille le principe de la coédition, les points-clés de négociation puis les avantages de ce contrat pour un compo et un éditeur indé !

Le principe de la coédition

Le contrat de coédition consiste à associer deux structures pour éditer un auteur. Ces structures vont partager la part éditoriale des oeuvres de l’auteur qui aura signé un pacte de préférence. Sur une coédition à 50/50, on aura donc pour les DRM : 12,5% par éditeur et l’auteur garde ses 25% (légalement, sa part est intouchable).

Attention cependant, la part éditoriale est plus faible sur les Droits d’Exécution Publique (DEP), elle passe de 50% à 1/3, soit environ 8% par coéditeur (et un tiers pour l’auteur).

Deux structures développent l’auteur en partageant les investissements et les recettes

Les coéditeurs vont allier leurs forces et leurs réseaux pour développer l’auteur en partageant les investissements et les recettes. Généralement c’est un éditeur indépendant qui décide de s’associer à un éditeur major pour profiter de sa puissance et son réseau, notamment international.

Mais il est aussi possible de signer des contrats de coéditions entre éditeurs indépendants, surtout si chacun a sa spécialité (encadrement artistique, synchro…). On peut d’ailleurs faire des coéditions à trois ou quatre éditeurs, généralement appelée tri-ed ou quadri-ed.

Les points-clés de négociation

Comme tous les contrats, il y’a des points clés de négociation à prendre en compte. On va se concentrer sur les quatre principaux, dans le cadre d’une signature d’un indépendant avec une major :

  • La durée du contrat : quand la co-ed est liée à un artiste, la durée du contrat est liée à son pacte de préférence (en moyenne 4 à 5 ans). Mais les oeuvres co-éditées pendant la durée du pacte le reste généralement pendant toute la durée légale.
  • Le partage éditorial : la majorité des coéditions sont à 50/50, mais tout est modulable, selon le niveau de développement du projet on peut avoir des co-ed déséquilibrées à la faveur ou défaveur de l’indépendant.
  • Les avances éditeur : quand l’éditeur indépendant génère déjà des revenus (ou qu’il édite un artiste à potentiel), il peut demander une avance SACEM, remboursable par l’ensemble de ses revenus éditeurs, qui fonctionne comme une avance auteur. Il peut y avoir aussi des rollings avances qui se débloquent au fur à mesure du recoupement.
  • Les budget marketing : généralement les investissements sont partagés à la hauteur de la part éditorial. Si un pacte de préférence prévoit 20.000€ d’investissement, dans une co-ed à 50/50, chaque éditeur va devoir investir 10.000€. L’éditeur indépendant peut négocier avec son coéditeur pour que sa part d’investissement lui soit avancée et ajouter à sa créance SACEM.

Il existe énormément d’autres variables de négociations toutes aussi importantes : le catalogue concerné, le taux de contrôle, les conditions des rollings, la gestion et sous-édition, les subventions, le droit de suite,..  On le répètera jamais assez, entourez-vous avant de signer un contrat ! C’est ce qu’on fait chez 135 en tant que Business Affairs.

Pourquoi signer en co-ed pour un compo ?

Pour illustrer l’intérêt de ce contrat, on va prendre l’exemple d’un beatmaker qui s’édite avec sa société et qui décide de signer en coédition.

Il profitera toujours des intérêts de signer avec un éditeur :

  • Déléguer toute la partie administrative, y compris la négociation de splits
  • Bénéficier d’une avance auteur, voir d’une avance éditeur, pour se concentrer sur son activité
  • Bénéficier de budgets, pour s’acheter du matos ou financer ses déplacements

En tant que coéditeur il va certes payer une partie des investissements (qui lui seront probablement avancés), mais il va surtout conserver la moitié de la part éditoriale. Cumulée avec sa part auteur, il gardera 75% des revenus (voir 85% sur les DEP). Revenus censés augmenter grâce au travail du coéditeur. Sans compter qu’à chaque placement, il facturera un cachet sur lequel l’éditeur ne touche rien (et ne négocie pas).

La coédition est un deal intéressant financièrement à condition de tomber sur un partenaire compétent et qui accepte de partager ses revenus. En début de carrière pas sûr qu’il ait la même motivation pour vous signer ou vous développer en coédition. C’est courant de commencer en full publishing avant d’obtenir une co-ed voir une gestion.

Pourquoi signer en co-ed pour un éditeur indé ?

Pour ce cas de figure, on va prendre un label indépendant qui a signé un contrat d’artiste et de full publishing avec un rappeur, puis une distrib avec une major. S’il signe une coédition, il  « sacrifie » la moitié de ses revenus SACEM, alors que l’artiste garde sa part auteur !

Signer en coédition est un luxe en début de carrière

Mais il y’a plusieurs raisons qui peuvent motiver ce choix :

  • Les avances auteurs : les avances éditeurs seront plus faibles que celles auteur, vu qu’il touche une plus petite part que lui (sans compter l’avance de sa part du budget). Mais signer son artiste en co-ed peut permettre de le sécuriser avec des avances que vous n’avez pas le moyens de lui offrir pour le moment en tant que label ou éditeur indé.
  • Les investissements : les budgets de votre coéditeur vont venir compléter, ou alléger, vos investissements en tant que producteur. Sans compter que contrairement à la distribution, le coéditeur investis à hauteur de moitié.
  • Administratif : en tant qu’éditeur vous avez l’obligation de gérer les dépôts pour votre artiste, en co-ed le partenaire s’en charge
  • Le ruissellement : pour la plupart des label indépendants dans le rap, le master est plus rémunérateur que les éditions (en raison de la consommation très axé streaming). Si votre D.A en éditions vous aide à faire des hits, ce que vous avez « perdu » en signant une co-ed sera largement rentabilisé via votre distrib.

Comme dit auparavant, signer en coédition est un « luxe » qui n’est pas automatique en début de carrière. Mais la combinaison d’une co-ed, voir d’un contrat de full publishing, avec une distrib côté master est de plus en plus plébiscité.

On vous remercie de votre intérêt sur le sujet, n’hésitez pas à aller checker nos autres #RapDeal pour mieux appréhender l’industrie musicale !

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