#RapDeal : Les tourneurs, comment ça marche ?

Avec #RapDeal, notre agence 135 MÉDIA met à profit son expérience pour présenter les coulisses du business du rap. Après vous avoir expliqué les labels, la relation avec les médias ou encore les marques et le rap, notre émission de vulgarisation de l’industrie musicale est de retour !

Le développement de la carrière d’un artiste nécessite de s’entourer d’un réseau de partenaires compétents. Si on pense en priorité au label, pour sa carrière d’interprète, ou à l’éditeur, pour sa carrière d’auteur, au moment de développer le live il est souvent nécessaire de s’adosser au bon partenaire : un tourneur. On vous explique son rôle, les différents types de dates dans une tournée, les contrats avec le tourneur, les éléments importants de ce contrat et enfin l’économie du live. 

Cet épisode à été préparé avec l’aide de Rémy Corduant, associé chez Noueva, et directeur artistique live. 

C’est quoi un tourneur ?

Pour monter sa tournée un artiste va généralement s’associer à un tourneur. Le tourneur est un producteur de spectacles qui peut l’accompagner sur l’ensemble des problématiques liées aux concerts comme :

  • Monter un show, en supervisant la scénographie et les répétions.
  • Mettre en place l’équipe qui va vous entourer sur la tournée : ingénieur son, ingénieur lumière, backeurs, régisseur, musiciens, DJ… 
  • Gérer l’admin de la tournée : tenir le budget, gérer les subventions, les cachets, les déclarations,..
  • Financer la tournée, en avançant les frais de création ou de production
  • Vendre les dates auprès des festivals et des salles de spectacles

La quasi-totalité des artistes signent avec un tourneur pour le Live

En France il existe une multitudes de tourneurs reconnus qui collaborent avec des rappeurs comme : Decibels(tourneur de Warner),  AEG Presents, Live Nation (mastodonte mondial derrière certains festivals français comme le Lollapalooza),  Talent Boutique (qui travaillent avec PNL et Lomepal), Pedro Booking (indépendant qui s’est fait remarqué pour son travail sur Laylow), Arachnée (tourneur de Sony), Auguri Productions (Angèle, Niska, Stromae)… 

Les types de dates

Parlons définition : une tournée est un enchainement de concerts d’un même spectacle, en général lié à un album. Mais une tournée peut être composé de différents types de dates :

  • Les premières parties : quand un artiste pérforme avant le concert d’une tête d’affiche, généralement proche de lui (ou de son tourneur) ou imposé par la salle locale.
  • Les co-plateaux : plusieurs artistes pérforment le même soir pour augmenter leurs chances de remplir une date, c’est aussi une pratique peu courante dans le rap contrairement à d’autres genres musicaux (ce qui rend le développement live plus dur dans l’urbain)
  • Les concerts solos vendus : L’artiste va vendre son concert à une salle de spectacle. Il existe plusieurs types de contrat :
    Cession : l’artiste vend à un prix fixe son concert à la salle qui va assumer seule les pertes (ou les bénéfices) .
    Co-réalisation : dans ce cas l’artiste et la salle partage les risques, la salle paye un minimum garanti puis donne une grande partie des bénéfices à l’artiste.
  • Les concerts produits : L’artiste (et son tourneur) vont louer une salle de spectacle pour y organiser son concert, ils vont assumer les risques et récoltent les recettes de billetterie. C’est généralement le cas pour les dates parisiennes des tournées ou sur les grosses jauges types Zénith ou stades.
  • Les festivals : Dans ce cas, l’artiste vend son spectacle au festival.

Les showcases sont généralement exclus du contrat de tournée

Nous avons volontairement fait l’impasse sur les showcases, qu’ils soient en boîte ou pour une marque, car ils ne sont pas nécessairement compris dans le contrat avec le tourneur.

Les types de contrat avec le tourneur

Maintenant qu’on a défini le rôle du tourneur et les tournées, parlons du contrat qui lie un artiste à son tourneur. Il existe trois principaux  types de contrat :

  • Un contrat d’engagement : L’artiste signe avec un tourneur qui va organiser et financer toute la tournée, payer les cachets de l’artiste tout en lui donnant une part de l’éventuel bénéfice.
  • Contrat de co-production : L’artiste et sa société vont s’associer avec un tourneur. Ce qui va lui permettre d’avoir un rôle plus important dans la tournée, et notamment dans le partage des bénéfices, mais il devra potentiellement assumer les éventuelles pertes
  • Contrat de production exécutive : C’est un contrat plus rare, où l’artiste va missionner un tourneur pour mettre un place un concert ou une tournée, en échange d’une rémunération. Généralement l’artiste finance tout lui même. 

On a parlé du bénéfice de la tournée à plusieurs reprises, c’est-à-dire le chiffre d’affaire de la tournée (constitué des cessions des concert à des salles ou festivals, des ventes de billets des dates produites mais aussi des éventuelles subventions et partenariats) diminué de toutes les charges (salaire de l’équipe artistique et technique, scénographie, droits d’auteurs, transport, commissions du tourneur, des plateformes de billetteries, matériel, répétitions,..). 

Une tournée même remplie peut être déficitaire !

La notion de bénéfice est primordiale, en cas de trop gros investissements une tournée, même remplie peut-être déficitaire. C’est ce qu’explique très bien Le Monde avec leur épisode de RapBusiness, dédié à l’Accor Arena. 

Les éléments importants du contrat 

Dans un contrat avec un tourneur il existe 6 points clés de négociation :

  • La durée et le nombre de date : le nombre de mois, le minimum de concerts garantis par le tourneur, mais aussi sur les éventuelles options sur de futures tournées.
  • Le montant des cachets : l’artiste touche un cachet (un salaire), pour chaque répétition et représentation. Ce cachet est négocié en amont selon le remplissage de chaque représentation.
  • La part du bénéfice : que ce soit pour l’artiste et le co-producteur le cas échéant, en cas de bénéfice un pourcentage lui est reversé. Le taux peut-être évolutif. C’est une part importante de la rémunération où l’artiste peut espérer toucher entre 50 et 90% du bénéfice final.
  • Les frais fixes du producteur : le producteur prend des risques financiers et surtout mobilise des équipes pour la tournée, en échange il va garde une part du chiffre d’affaires en plus de sa part de bénéfice. C’est souvent un point décisif dans la négociation, qui doit être le plus juste pour les différentes parties
  • Budget de pré-production : c’est la part d’investissement qu’est prêt à engager le tourneur pour monter le spectacle
  • Les avances : quelques artistes installés peuvent avoir des avances sur leur part de bénéfice, mais c’est réservé à de gros artistes. La plupart des artistes en développement représentent un risque pour leur partenaire qui ne permet pas des avances. 

Ce sont des gros points contractuels pour aider les artistes à mieux appréhender les contrats. Mais dans la négociation avec son tourneur il ne faut pas perdre de vue que monter une tournée est un chantier difficile ! Avant l’aspect financier il faut s’assurer de partager une même vision artistique, motivation et codes avec son tourneur.

L’économie d’une tournée ?

L’économie d’une tournée est très aléatoire. Elle va dépendre de l’équilibre des recettes (impacté par le taux de remplissage, l’intérêt des festivals, le prix des billets,..) et des dépenses (le nombre de personnes sur scène, l’ambition du décor,..). On a tendance à dire qu’une bonne économie s’installe en produisant une tournée des Zéniths avec un bon remplissage. Il arrive aussi que des artistes perdent sur des dates pour gagner sur d’autres, en faisant un gros coup sur sa date parisienne pour augmenter sa valeur en festivals par exemple.

Il est très difficile de gagner vraiment de l’argent avant d’atteindre les Zéniths

Dans le rap les tournées sont souvent comparées aux showcases, qui sont eux directement rentables. Mais c’est comparer une vision court terme avec une vision long terme. Une tournée apporte beaucoup d’autres choses aux artistes avant d’arriver sur des grosses jauges : rencontre avec le public, intermittence, vente de merchandising, visibilité et promotion, revenus SACEM… Le live est souvent une affaire de patience et de travail ! 

On vous remercie de votre intérêt sur le sujet, n’hésitez pas à aller checker nos autres #RapDeal pour mieux appréhender l’industrie musicale !

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